Mars 2018-1918
Il y a 100 ans : 1918, document n° 3
Le soutien au moral des troupes allemandes en Lorraine
Saluer Pâques même dans les tranchées, c’est ce à quoi nous invite le journal de campagne Der Stosstrupp (difficilement traduisible par un mot français mais qui désigne un soldat faisant partie d’une troupe de choc). Edité à Sarrebruck depuis mars 1917, écrit et mis en page par des soldats pour les combattants de cette partie du front qui fait face à Lunéville au nord jusqu’à Epinal au sud (la fameuse Trouée de Charmes) que le groupe d’armées A du duc Albert de Wurtemberg est chargée de défendre, ce Feldzeitung (journal de tranchée) élégant et de composition soignée, d’un format proche de celui d’un magazine, livre à ses lecteurs deux fois par semaine des articles variés traitant aussi bien la situation militaire du front ouest que de poésie, de sujets d’études culturelles, anthropologiques et touristiques de la zone dans laquelle leur unité se trouve engagée. Par exemple, les villes de Marsal, Château-Salins et Saint-Avold ou bien les enseignes pendantes des artisans et des commerces lorrains et sarrois font l’objet d’articles agréablement illustrés dans le but d’entretenir le moral des troupes et d’indiquer par la même occasion pour quel type de civilisation elles se battent.
La une de la livraison datée du 31 mars 1918, intitulée « Matin de Pâques dans les tranchées », exécutée par le caporal Griehl, illustrateur attitré du journal, propose par un dessin de partager la sérénité d’un matin du printemps retrouvé en première ligne (l’oiseau perché sur le manche d’une grenade à main, les inflorescences omniprésentes des arbres, le soldat assis au fond de la tranchée lisant tranquillement, ce qui peut apparaître comme un pied de nez voulu par l’auteur adressé à la propagande française qui fait habituellement des soldats allemands d’indécrottables barbares), l’objectif étant même de façon naïve d’éloigner toute idée de férocité des combats alors qu’ils sont bien présents (village ruiné en arrière-plan) et de redonner ainsi un peu de courage au lecteur-combattant. Toutefois, le bucolique ne cède rien à la vraisemblance qui trouve à s’exprimer dans un détail figurant sur la patte d’épaule de la capote du soldat au premier plan debout à son créneau. En effet, le chiffre I pourrait laisser penser qu’il appartient au I. Königlich-Bayerische Reserve-Korps présent dans ce secteur jusqu’en février 1918 avant de le quitter pour participer à l’offensive de printemps du 21 mars 1918 dans le nord de la France.
Der Stosstrupp – Feldzeitung der Armeeabteilung A, devient à partir du 24 février 1918 (n° 8 de 1918) Der Stosstrupp – Feldzeitung für die Lothringer Front jusqu’au 10 novembre 1918.
Réf. arch. dép. : 45PRS1918, n° 13 (31 mars 1918)