Entre 1964 et 1985, l'administration chargée de la reconstruction verse plusieurs kilomètres de dossiers de dommages de guerre aux Archives départementales. Grâce à ces dossiers, constitués avant tout de pièces comptables et financières, l'Etat peut suivre et superviser les travaux de réparation et de construction qui ont lieu après-guerre partout dans le département et concernent les biens mobiliers et immobiliers des particuliers, des entreprises et des services publics. Longtemps restés dans leur état matériel d'origine et dépourvus d'instruments de recherche précis, ces documents font depuis plusieurs années l'objet de chantiers annuels pour les trier, les reconditionner et les décrire, et les rendre ainsi accessibles au public.

Les dossiers de dommages de guerre sont divisés en plusieurs ensembles. La majorité est versée par le centre de règlement des dommages de guerre, service déconcentré du ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme à l'échelle du département, mais certains dossiers sont instruits directement à l'échelon central, en raison de la taille des entreprises concernées et donc du montant de l'indemnisation potentielle ou de leur caractère stratégique (entreprises de construction, industrie, moyens de transport, mais aussi cristalleries). Les dossiers versés par les associations et syndicats de reconstruction ainsi que le service, puis par l'office des biens et intérêts privés, chargé de la question des spoliations, constituent les deux derniers ensembles.

L'intitulé du ministère de tutelle - reconstruction, urbanisme, puis logement à partir de 1955 - est révélateur de la richesse de ces fonds pour l'étude historique sur « la réparation des dommages (accidentels ou volontairement infligés), l'orientation étatique du remodelage des territoires tant urbains que ruraux et le nouveau cadre de la vie quotidienne des Français » (voir IUNG [Jean-Eric], « Les Archives des dommages de guerre, source de l'histoire de la reconstruction ou source de l'histoire des Trente Glorieuses ? », in 50sept, n°20, 2e semestre 2013, p. 50).

A signaler également un petit ensemble de dossiers de dommages de guerre instruits par l'administration nazie entre 1940 et 1943 pour dédommager les victimes de dommages matériels mais aussi de mesures d'internement de la part des autorités françaises (versement 289W).